Aranyaprathet, envoyé spécial
«Il est vivant et il est à Pailin. J'ai à Pailin cinq officiers de liaison et ils l'ont vu avant-hier.» L'officier supérieur de l'armée thaïlandaise, responsable du renseignement au sein de l'ancienne unité «838», est formel. Dans cette petite localité située sur la frontière khméro-thaïlandaise, il n'est pas le seul à contredire la rumeur, survenue la semaine dernière, du décès de Pol Pot, le dirigeant khmer rouge responsable de la mort d'un à deux millions de Cambodgiens. L'unité «838» était chargée de la protection rapprochée des leaders khmers rouges lorsqu'ils se déplaçaient en territoire thaïlandais. Officiellement dissoute voilà un an, elle a néanmoins conservé son réseau de renseignements dans les zones khmères rouges au Cambodge.
A l'état-major de la division «Burapa», à la sortie de la ville thaïlandaise d'Aranyaprathet, un groupe d'officiers s'entretiennent des dernières rumeurs sur Pol Pot. Aucun ne croit réellement au décès annoncé du «frère numéro un» des Khmers rouges. «Si Pol Pot était vraiment décédé, sa mort ne serait pas passée inaperçue sur cette partie de la frontière», répètent-ils, très catégoriques. Le chef de la guérilla communiste cambodgienne, celui que le roi Sihanouk surnomme le «pire malfaiteur du Cambodge», était gravement malade du paludisme, mais il donnait encore, voilà deux mois, des cours d'éducation politique à des jeunes cadres dans une base rebelle de Phnom Malai, la «zone libérée» khmère rouge à 16 kilomètr