Gelendjik, envoyé spécial
Tout ici, respire l'aisance. Ces datchas massives au luxe voyant, hérissées de crénelures, de faux machicoulis façon château de la Belle au bois dormant, qui dépassent des boqueteaux de chêne vert. Ces limousines occidentales, ces paraboles satellitaires, signes extérieurs obligés de l'enrichissement fulgurant. A Gelendjik, station balnéaire huppée, lovée dans un cadre enchanteur aux accents tropéziens, entre collines, vignobles et golfe cristallin, les «nouveaux Russes» étalent sans complexes leur réussite. Les rivages de la mer Noire ont toujours attiré les nantis du régime. Domaine longtemps réservé des apparatchiks du Parti communiste d'Union soviétique, cette destination méridionale est désormais la villégiature favorite de l'aristocratie du «bizness». Et les résidences secondaires y poussent comme champignons après la pluie.
Stabilité. Prix minimum de la villa: 150.000 dollars (environ 750.000 francs). Un siècle de salaire moyen pour un ouvrier moscovite. Trouver dans ces lotissements des opposants à Boris Eltsine relève de la gageure. «Si les communistes veulent me prendre ma maison, j'installerai une mitrailleuse sur le balcon et je ne serai pas le seul, vitupère Slava, 48 ans, cadre dans le pétrole. Les gens d'ici ne vont pas voter pour l'homme mais pour le système, pour les réformes. Malgré ses erreurs, Eltsine nous garantit la stabilité. C'est le plus important pour la Russie. Les autres, on ne sait pas ce qu'ils peuvent faire.» Comme lui,