Ernesto Samper a remporté une victoire à la Pyrrhus en se faisant
«blanchir», mercredi soir, par la Chambre des députés chargée de déterminer s'il avait financé sa campagne électorale de juin 1994 avec l'argent des trafiquants de drogue. Mais si le président colombien échappe à l'infamie d'un verdict qui aurait provoqué sa démission ou une procédure d'«empêchement», il achèvera affaibli son mandat de quatre ans, discrédité dans son pays et en butte à l'ostracisme de Washington.
L'accusation était, il est vrai, accablante, basée sur les témoignages des responsables de sa campagne, l'ancien ministre de la Défense Fernando Botero et Santiago Medina. Tous deux sous les verrous, ils ont témoigné que Samper avait «orchestré» l'infiltration de 6 millions de dollars (31,2 millions de F) du cartel de Cali pour les besoins de sa propagande. D'autres sommités du régime sont également emprisonnées, et les ministres de l'Intérieur, des Affaires étrangères et des Communications font l'objet d'enquêtes pénales.
Accusé en février par le procureur général (fiscal) Alfonso Valdivieso «d'enrichissement illicite, de fraude électorale, de dissimulation de preuves et de faux», Ernesto Samper ne s'est jamais départi de son système de défense. A défaut de pouvoir nier la réalité des faits depuis que Botero et Medina étaient passés aux aveux, il a toujours assuré que les choses s'étaient faites dans son dos et qu'il n'était au courant de rien. Avec un argument de poids: n'avait-il pas, aussitôt élu, en