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Libération
Enquête

Recette des fraudes à la russeElecteurs et candidats s'attendent à des trucages en faveur d'Eltsine.

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publié le 17 juin 1996 à 6h47

Moscou, de notre correspondant

Une certaine confiance règne en Russie. Pas forcément dans sa démocratie balbutiante. Mais certainement dans la capacité de Boris Eltsine à se maintenir au pouvoir. D'innombrables «anecdotes» tournent autour de ce thème: on y décrit ainsi le général Alexandre Korjakov, en charge de la sécurité du Kremlin, se précipitant dans le bureau du chef de l'Etat au lendemain du second tour. «Patron, mauvaise nouvelle! Le candidat communiste remporte 55% des voix. Enfin, ne vous inquiétez pas. Vous avez plus.»

Cette approche goguenarde du scrutin se retrouve dans toutes les études d'opinion. Quelles que soient leurs intentions de vote, les électeurs ne sont que 19% à croire que Eltsine puisse passer la main. Pour 53% d'entre eux, les «avantages d'un président en fonction» autant que «ses énormes pouvoirs» assurent le sortant d'un second mandat. Elégante façon d'insinuer que dans un duel serré, l'exécutif n'hésitera pas à s'assurer la victoire, fusse par un léger coup de pouce à la chance.

«Je ne crains pas les trucages», a d'ailleurs déclaré hier Mikhaïl Gorbatchev en votant. «Je suis certain qu'il y en aura et que tous les candidats en seront les victimes. A l'exception de Boris Eltsine, bien sûr.» Même ironie chez le général Lebed. «Comme nous vivons dans un pays démocratique... la fraude sera d'environ 4%.» Plus inquiet, Guennadi Ziouganov estime «qu'il y aura obligatoirement une certaine falsification des résultats» et son parti a donc décidé de déployer