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Libération

Amnesty dénonce le commerce de la terreurSon rapport annuel met en cause les pays industrialisés qui exportent du matériel de torture.

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publié le 19 juin 1996 à 6h43

Matraques électriques, pistolets «incapacitants», menottes rigides, systèmes de surveillance... On n'arrête pas le progrès: le catalogue des nouvelles technologies destinées aux militaires, policiers et personnels pénitentiaires ne cesse de s'allonger. Produit dans les pays industrialisés, ce matériel est exporté aux quatre coins du monde sans que sa destination ou son utilisation ne soit l'objet d'un quelconque contrôle. Dans un rapport (1) publié hier, Amnesty International rappelle aux Etats et entreprises qui fabriquent ces équipements que «les responsables des violations des droits de l'homme ne sont pas uniquement ceux qui appuient sur la détente ou qui envoient une décharge électrique». Et leur demande instamment de faire cesser le «commerce de la terreur», celui «dont l'unique finalité est de violer les droits de la personne humaine».

Les exemples cités par l'organisation de défense des droits de l'homme ne laissent pas de doute sur l'utilisation des biens exportés. La liste de matériel autorisé à la vente par le gouvernement des Etats-Unis entre 1991 et 1993 est particulièrement explicite: «Menottes pour les pouces, les poucettes, fers et entraves pour les pieds et les jambes, et menottes; engins spécialement conçus pour la torture; camisoles de force...» Interrogé par Amnesty, le ministre du Commerce américain a également reconnu que des pistolets «incapacitants» avaient été légalement exportés en 1994 vers l'Arabie Saoudite. Ces armes, d'une portée de 5 mètres, lan