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Analyse

Des suffrages payés au prix fortLebed, qui ne veut plus d'une armée «paillasson», aura un pouvoir colossal.

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publié le 19 juin 1996 à 6h43

Moscou, de notre correspondant Servitude ou grandeur, Alexandre Lebed était à l'heure des choix. Militaire jusqu'au bout du képi, le fringant général aura choisi de se plier à la première des conditions de l'officier dans l'espoir de s'élever à la seconde. Un candidat qui ne se présente «pas pour les médailles», proclamaient ses affiches de campagne. En acceptant sa nomination au sommet du système russe de sécurité en échange d'un soutien à Boris Eltsine lors du second tour de l'élection présidentielle, ce croisé de la lutte contre la corruption prend le risque de passer pour un vendu. Il ne serait pas le premier à brader l'honneur de ses galons contre richesses et pouvoir relatif. Et les communistes, outrés par un accord conclu sur leur dos, ont déjà embouché les trompettes de la médisance. «Après un tel marchandage, Lebed est foutu pour la politique», a immédiatement prophétisé le président du Parlement, Guennadi Selenev.

Un calcul qui n'est certainement pas étranger à l'offre de Eltsine au général. Spécialiste du baiser de l'ours, le président russe a, en cinq ans, usé un nombre considérable d'équipes ou d'hommes aux cotes d'amour pourtant solides avant de s'allier avec ce virtuose de la survie politique. Et, malgré ses déclarations enflammées en faveur de son nouveau renfort, rien ne prouve que le chef de l'Etat, une fois assurée sa réélection grâce à une partie des voix qui se sont portées sur Alexandre Lebed, ne tente pas de renfermer au placard ce remuant baroudeur. L