Moscou,
de notre correspondant Dans une charge dont il a le secret, Boris Eltsine a arraché hier, à la hussarde, le soutien d'Alexandre Lebed. En nommant son adversaire à la tête de l'ensemble du système russe de sécurité, le chef de l'Etat espère se rallier une bonne part des 15% de suffrages qui s'étaient portés sur ce bouillant général à l'occasion du premier tour de l'élection présidentielle. Une opération qui, selon le porte-parole du Kremlin, Sergueï Medvedev, «a bouleversé la carte politique du pays». D'autant que pour faire bonne mesure, le président a également accordé au nouvel homme fort de la Russie la tête du ministre de la Défense, un pilier du régime, très décrié mais réputé indéboulonnable. Singulier retournement de situation puisque c'est le même Pavel Gratchev qui avait obtenu, il y tout juste un an, le limogeage du général Lebed de l'armée, lui ouvrant de ce fait les voies de la politique.
«Plus que l'union de deux hommes, c'est l'union de deux programmes qui a été réalisée aujourd'hui», a assuré Boris Eltsine en annonçant sa décision, «le programme de Lebed enrichit le programme présidentiel. Je considère avoir reçu une injonction des électeurs à réaliser ce que le peuple a vu de bon dans le programme d'Alexandre Lebed». De son côté, l'ancien commandant de la 14e armée a justifié son ralliement au chef de l'Etat par le désir de préserver «la paix, l'ordre et la stabilité dans le pays». Embarrassés par cette alliance soudaine qui pourrait leur barrer la rout