Buenos Aires, envoyé spécial
Soixante millions de dollars, soit plus de trois cents millions de francs: Rodolfo Galimberti a toujours aimé les grosses sommes. Et les armes. Dans l'Argentine convulsionnée de 1975, les unes procurent les autres et réciproquement. Fort de cette dialectique, le «commandant» Montonero organise l'enlèvement de Juan et Jorge Born, puis obtient la formidable rançon, payée rubis sur l'ongle par le tout-puissant conglomérat agro-alimentaire Bunge y Born, dont les deux frères sont alors les principaux actionnaires. Pour le mouvement péroniste d'extrême gauche, fortune est faite... et, trente mille morts plus tard, la défaite consommée.
Galimberti ne sera pas mauvais perdant. En 1991, il épouse la fille d'un cadre supérieur de Bunge. Parmi les invités: le juge Romero, qui instruisait naguère le dossier du «délinquant terroriste», ainsi que Jorge Born, dont il devient le conseiller en matière de sécurité! Désormais à l'aube de la cinquantaine, Galimberti vit la plupart du temps à Paris, où il fait de juteuses affaires comme intermédiaire duGroupement industriel de l'armée de terre. Toujours les armes. Et les grosses sommes.
Che Guevara.C'était il y a vingt ans. Dans tout le cône Sud, les guévaristes, syndicalistes ou démocrates résistants essaient de s'opposer au rouleau compresseur des dictatures. Le rêve du Grand Soir habille une génération en vert-olive. De Santiago à Buenos Aires et Montevideo, des jeunes par milliers prennent au mot l'appel du Che Gu