Florence, envoyés spéciaux
Une nouvelle fois, à Florence, les Quinze ont été prodigues en bonnes paroles pour regretter le niveau «inacceptable» du chômage dans l'Union. Mais, dès qu'il s'est agit de desserrer un peu les cordons de la bourse, comme le leur proposait le président de la Commission européenne, l'avare qui sommeille en chaque chef d'Etat et de gouvernement s'est réveillé. En outre, la plupart des Etats ont considéré que l'idée même de coordonner leur politique de lutte contre le chômage était hérétique alors que, pourtant, dans le même temps, ils se préparent à réaliser la monnaie unique... Résultat: faute d'argent et de volonté politique, le «pacte de confiance» pour l'emploi présenté par Jacques Santer a été vidé d'une bonne partie de son contenu et les «grands travaux» deloriens, qu'il proposait de relancer, n'ont pas quitté la naphtaline dans laquelle ils dorment depuis décembre 1993. Avec une certaine candeur, Jacques Chirac s'est justifié: «C'est quand même positif (...) qu'on parle de plus en plus entre nous.» Les 18,2 millions de chômeurs recensés et les 55 millions de personnes vivant au-dessous ou au niveau du seuil de pauvreté dans l'UE apprécieront une telle sollicitude.
C'est le chancelier allemand, Helmut Kohl, qui a sonné la charge contre les tentatives de Jacques Santer de coordonner la lutte contre le chômage au niveau européen comme l'avait fait en son temps Jacques Delors avec son «livre blanc» sur «la croissance, la compétitivité et l'emploi