Reykjavik, envoyée spéciale
Pour le monde entier, la République d'Islande s'incarne dans une femme presque parfaite. Son léger défaut réside en un nom sonore, Vigdis Finnbogadottir, que seules des qualités hors du commun ont rendu exportable. Première femme d'Europe à avoir été élue président au suffrage universel, on lui prête un tempérament d'amazone, que renforcent seize années passées à la tête de l'Etat. Aux yeux de démocraties européennes, empêtrées dans le débat sur l'égalité des sexes en politique, Finnbogadottir a transformé son île en modèle de République d'avant-garde, où le parlement compte 25% de femmes.
Grand émoi. Elle ne se représente pourtant pas à la présidentielle de samedi. Muette pendant toute la campagne, où trois candidats (deux hommes et une femme) se groupent en tête des sondages, elle n'a accordé qu'une seule interview. C'était la semaine dernière, au magazine féministe Vera, où elle déclare: «L'argument, qu'il serait temps aujourd'hui d'avoir un homme pour président me pèse beaucoup (...) Je pense qu'il s'agit juste d'une volonté de faire marche arrière. Je ne vois pas pourquoi une femme ne pourrait pas succéder à une femme.» Ces propos de pur bon sens ont suscité en Islande un grand émoi. Agla Bjorndottir, la journaliste qui a recueilli la fameuse interview poursuit: «En fait, en Islande, le droit des femmes reste très en retard. Dans l'immense majorité des entreprises privées, notre salaire est 30% inférieur à celui des hommes. Et si notre Parlemen