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Libération

Australie: voir Darwin et mourir

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Le Parlement du Territoire du Nord a légalisé l’euthanasie.
publié le 2 juillet 1996 à 8h48

Darwin envoyée spéciale

Marta Alfonso-Bowes voulait mourir. Ne pas donner au cancer le temps de la déchéance. Ne plus connaître, après une première tentative de suicide, le cauchemar d'être, de force, ramenée à la vie. Alors, à 75 ans, cette Américaine est partie pour Darwin. La capitale du Territoire du Nord est une bourgade de 75.000 âmes. Cul-de-sac ensoleillé, Darwin tourne le dos au désert, qui dévale jusqu'à Alice Springs. A force de volonté et d'irrigation, les habitants en ont fait une oasis de bougainvilliers et de maisons blanches. Un territoire dont le Parlement a décidé, le 25 mai 1995, d'embrasser la mort et de légaliser l'euthanasie. La loi est entrée en vigueur hier, non sans provoquer de vives protestations. L'Association médicale d'Australie, mais également des représentants de l'Eglise et de la communauté aborigène, qui mettent en avant leurs traditions, ont déposé un recours devant la Cour suprême pour annuler le texte. Le parlement fédéral, lui aussi, doit débattre d'un projet de loi pour annuler la mesure et les autorités ont menacé d'inculper de meurtre les médecins qui auraient recours à l'euthanasie.

Guerres fratricides. Dès ses prémices, l’affaire fut douloureuse. Alors que pleuvaient les anathèmes des églises, 50 amendements provoquèrent des plaidoiries enflammées qui menèrent jusqu’à l’aube des parlementaires, épuisés par des guerres fratricides. Dans le rôle du chevalier noir, le Chief Minister du Territoire, Marshall Perron, décida d’en fini