Moscou correspondance
Jamais la terreur rouge n'a été autant d'actualité qu'à la télévision russe ces dernières semaines. Dans un concert de couleur sépia et de cinéma muet se succèdent films, clips, images d'archives sur la guerre civile, les famines, les goulags. Tout pour rappeler aux électeurs russes de «faire le bon choix» le 3 juillet et de voter pour Boris Eltsine, présenté comme le dernier rempart contre le retour des bolcheviks.
La chaîne officielle ORT proposait ainsi le week-end dernier l'Epouvantail: film culte du début de la perestroïka, il décrit le bizutage sauvage d'une jeune fille dans un village russe. Progressiste pour l'époque, il mettait un terme au mythe de l'innocence des enfants de Lénine. Et le programme TV de souligner, pour ceux qui ne l'auraient pas compris, «la cruauté des écoliers soviétiques». Quelques jours plus tôt, le Tchékiste, d'Alexandre Rogojkine, relatait les tourments d'un bourreau de la police secrète sur fond de massacres collectifs et d'exécutions sommaires.
Les électeurs russes ont aussi tremblé devant leurs petits écrans à la veille du premier tour en voyant revenir Staline sous les traits d'un bâtard du «grand stratège», dont la paranoïa meurtrière égale celle de son père. Le Testament de Staline se déroule à l'époque actuelle, dans une Russie «démocrate» toujours tentée par les vieux démons. Arrivé légalement au pouvoir, le fils de Staline et d'une soubrette commence par annexer toute l'Europe occidentale. Puis, torturé par des hal