Depuis trente ans, il a été de tous les combats, mais personne ne
l'attendait aujourd'hui, au second tour de l'élection présidentielle au Tchad. On le considérait comme un has been, un homme du passé, trop marqué comme «sudiste» et, qui plus est, militaire jusqu'au bout des ongles, au moment où «le pays des seigneurs de la guerre» voudrait troquer son treillis rapiécé contre les habits neufs d'une démocratie civile. Mais le général Abdelkader Wadal Kamougué, 57 ans, défie aujourd'hui à la fois le président sortant, Idriss Déby l'ex-colonel devenu lui-même général depuis qu'il a pris le pouvoir à N'Djamena en décembre 1990, et treize de ses quinze challengers du premier tour. Malheureux, déclassés par le président Déby et distanciés par le général Kamougué, ces derniers dénoncent des «fraudes massives» et, soutenus par la centrale syndicale du pays, appellent au boycottage du scrutin. En représailles, hier, le secrétaire d'Etat tchadien à la Sécurité, Noudjalbaye Ngaryana, a suspendu les activités de la centrale.
Bon élève. Issu d'une famille de chefs traditionnels, fils d'un militaire de la coloniale, Abdelkader Wadal Kamougué qui s'appelait, avant l'africanisation imposée par la «révolution culturelle» de 1973, Georges Vidal-Kamougué, le patronyme français ayant été adopté par son père en l'honneur d'un frère d'armes métropolitain a suivi le cursus classique des enfants de troupe. Né le 20 mai 1939 à Bitam, au Gabon, où son père était alors en poste, il intègre en 1952 l