La Haye envoyé special
«Colonel Karremans, avez-vous protesté auprès du général Mladic au sujet des exécutions dont vous aviez pris connaissance?» «Non, je n’y ai pas pensé», répond le chef du bataillon de Casques bleus néerlendais alors chargé d’assurer la protection des habitants de Srebrenica. Témoignant hier devant le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye sur l’ex-Yougoslavie, au cours de la procédure visant les deux dirigeants bosno-serbes Ratko Mladic et Radovan Karadzic pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, l’officier néerlandais a reconnu: «Je ne m’étais pas préparé à le rencontrer (Mladic, ndlr). Je n’ai pas non plus songé à m’enquérir du sort des réfugiés (qui avaient été déportés, Ndlr). Mais je lui ai parlé du matériel que ses soldats nous avaient volé.» Un an après le meurtre de milliers de Musulmans dans la «zone de sécurité» de Srebrenica, le colonel Ton Karremans ne semble toujours pas réaliser la portée de ses paroles.
Ce 21 juillet 1995, lorsque le général Mladic le convoque, il ne sait sans doute pas tout, mais il en sait beaucoup. Il a raconté hier avoir vu arriver, le 11 juillet, près de la base des Nations unies de Potocari, 25.000 femmes, enfants et vieillards et quelques milliers d’hommes terrorisés après la chute de l’enclave. Il a vu le chef militaire bosno-serbe lançant à la foule apeurée: «Allah ne peut pas vous aider, mais Mladic peut le faire». Puis, devant des soldats de l’ONU menacés de bombardements en cas de résistance, il