Alors que plus de 80 personnes ont été tuées mercredi dans
l'attaque, attribuée à la rébellion hutue, d'une importante usine de thé, à Teza dans le nord-ouest du pays, et que des centaines de réfugiés continuent de fuir vers le Zaïre et le Rwanda, les espoirs d'un retour à la paix au Burundi semblent de plus en plus lointains. L'appel à la communauté internationale, lancé conjointement par le Président et le Premier ministre le 25 juin lors d'un sommet régional à Arusha, n'a fait, semble-t-il, qu'envenimer le climat politique. Hier matin, plusieurs centaines d'étudiants tutsis de l'université de Bujumbura ont manifesté dans la capitale pour protester contre l'éventualité d'une intervention armée étrangère et demander le départ du président Sylvestre Ntibantunganya, un Hutu. L'ancien président burundais Jean-Baptiste Bagaza, écarté du pouvoir par un coup d'Etat en novembre 1987, n'hésite pas, quant à lui, à parler de renverser l'actuel gouvernement. Cet opposant au président burundais, à qui l'on attribue une forte influence au sein de l'armée, a laissé planer hier la menace d'une «résistance armée» contre une intervention étrangère. Pour lui, la solution de la crise passe par l'organisation d'une «conférence nationale», plutôt que par l'intervention de troupes étrangères: «Une pression internationale résoud très rarement des problèmes internes.» Et de prendre pour exemple ce qu'il appelle le «faux mariage», sous la pression internationale, de l'Unité pour le progrès national