Moscou correspondance
Après la victoire de Boris Eltsine à l'élection présidentielle, la presse russe retrouve un peu de son ton frondeur. Passant rapidement sur l'«événement historique», les éditorialistes défient le «nouveau» président de se montrer à la hauteur de son mandat. «Les Russes ont donné leurs voix à Boris Eltsine. Et attendent maintenant sa réponse», exige la Komsomolskaïa Pravda. «La démocratie a gagné. Mais que se passera-t-il maintenant?» s'interrogent les Izvestia, un quotidien favorable au Président. La mise en garde est claire, comme le note Otto Latsis: «La baisse du soutien des Russes envers Boris Eltsine est manifeste malgré sa victoire. Et même parmi ceux qui ont voté pour lui, il y a beaucoup de mécontents. Le premier résultat des réformes, les magasins bien remplis, nous l'avons vu il y a quatre ans. Mais à quand la suite?»
Sans pitié, la Pravda, porte-voix des vaincus, se fait un malin plaisir d'énumérer les dossiers critiques qui attendent le Président. «Le pays s'est réveillé avec les mêmes problèmes que la veille: ni la pauvreté, ni la criminalité, ni le chômage, ni le déficit budgétaire n'ont disparu. Le drame russe se poursuit.»
«A la différence de la politique, en économie, il n'y a pas de miracles», souligne le quotidien kommersant, journal de référence pour le monde des affaires. «Après son élection, Boris Eltsine reste confronté aux mêmes difficultés économiques (...), qui ne trouveront une solution qu'à long terme.» Il n'y a guère que Dmit