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Libération

Haïti essoufflé sous pression du FMILa Banque mondiale exige des privatisations en échange d'aides.

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publié le 8 juillet 1996 à 8h32

«Nous avons été humiliés avec toi. Tu nous connais bien, nous

t'avons soutenu. Maintenant tu dois nous aider.» Une dizaine de jeunes hommes apostrophent le président haïtien qui s'est exposé à un bain de foule improvisé à deux pas du Palais national, la semaine dernière, à l'occasion d'un tournoi de mini-foot opposant des équipes de gosses des bidonvilles. René Préval fait face et écoute, muet. A ses côtés, le ministre français de la Coopération, Jacques Godfrain, qui patronait la manifestation et a donné le coup d'envoi. Puis le cortège repart, tournant le dos aux vociférations.

«L'humiliation», évoquée par les protestataires, fait allusion aux conditions posées par la communauté internationale pour poursuivre et accroître son aide à Haïti. Les bailleurs de fonds demandent à Préval, en poste depuis cinq mois, de tailler dans les effectifs d'une administration aussi pléthorique qu'inefficiente, et surtout de privatiser les entreprises du secteur public pour en finir avec la gabegie et la corruption. Autrement dit, «Aide-toi et le FMI t'aidera». Le Président l'a promis dans une lettre d'intention signée le 25 mai et il vient de soumettre au vote du Parlement un plan de «modernisation» des entreprises d'Etat. Mais le projet risque de s'enliser dans les manoeuvres bizantines de la Chambre des députés, dont une fraction notoire ne veut pas entendre parler.

Rumeurs. Cette opposition interne au Parti Lavalas (avalanche), en principe favorable au Président issu de ses rangs et qui di