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Libération

La colère fait «rougir» Lausanne Pour la première fois, un communiste accède à l'exécutif d'un gouvernement cantonal.

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publié le 10 juillet 1996 à 8h27

Sept ans après la chute du mur de Berlin, un communiste accède pour

la première fois en Suisse à l'exécutif d'un gouvernement cantonal. Depuis un mois, place du Château à Lausanne, un drapeau rouge flotte au-dessus de la statue du major Davel, héros de l'indépendance vaudoise au XIXe siècle. Joseph Zisyadis, 41 ans, grec d'Istanbul refusé il y a une quinzaine d'années à la naturalisation suisse (mais accepté depuis), ex-prêtre-ouvrier dans le quartier parisien de Belleville, perclus de dettes et leader du Parti ouvrier populaire, a été élu par 43% des Vaudois, y compris dans les campagnes réputées pourtant pour leur conservatisme farouche. C'est dire le degré de ras-le-bol qui s'est emparé d'une population qui assiste impuissante à la déréliction du modèle suisse.

Fini l'ère du plein-emploi et de la croissance assurés. Le canton de Vaud est désormais la caricature d'une Suisse qui va mal: jadis inconnu, le chômage dépasse aujourd'hui 7%, les finances sont profondément dans le rouge (plus de 1 milliard et demi de francs), 3.800 entreprises ont fait faillite depuis 1993, les «affaires» se multiplient, la grogne est dans la rue, et les notables installés au pouvoir depuis des décennies n'ont rien vu, rien compris. Ils ont continué à «roupiller».

Scandales. Alors, la gifle est partie. «Il y en avait marre de l'arrogance de la droite et des scandales commis par ceux-là mêmes qui nous imposent une politique d'austérité», s'exclame Philippe Favre, ingénieur. Le journaliste François M