Kigali fait bande à part. Le gouvernement rwandais ne soutiendra pas
la candidature de Boutros-Ghali à un second mandat à l'ONU. Parce que, estime-t-il, ce dernier a décidé d'évacuer sur Nairobi les forces de la Mission des Nations unies pour le Rwanda (Minuar) pendant le génocide d'avril 1994. Parce que l'envoyé spécial de l'ONU au Rwanda, le Camerounais Roger Bobooh, n'a pas su éviter le drame. Mais l'opposition rwandaise à Boutros-Ghali est surtout un signe politique destiné à la communauté internationale, accusée de ne pas soutenir le gouvernement de Paul Kagame dans sa quête de justice.
Sa propre incapacité à tenir les procès des responsables du génocide n'empêche pas le Rwanda de s'irriter du manque d'empressement des États à extrader ceux qu'il tient pour responsables du massacre de plus de 500.000 Rwandais. Le Cameroun en premier lieu. Quatre Rwandais, dont un responsable de premier plan, le colonel Théoneste Bagosora, sont détenus dans les prisons du pays hôte du sommet de l'OUA. Le problème de Yaoundé, c'est que les détenus ne sont pas seulement réclamés par Kigali, mais aussi, pour certains, par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPR) basé à Arusha, en Tanzanie, et par la Belgique. Bruxelles, qui avait lancé en mai 1995 un mandat d'arrêt international à l'encontre de Bagosora pour sa responsabilité présumée dans la mort de dix Casques bleus belges, a accepté hier de se dessaisir du cas au profit du TPR. Pas de Kigali. La Belgique, de son côté, détient q