La paix n'est déjà plus. Les urnes tout juste remisées en Russie,
les canons sortent brutalement de leur torpeur en Tchétchénie. Mekhekty, Guekhi, Vedeno, Chatoï: depuis quarante-huit heures, les villages indépendantistes du sud-est de la république caucasienne vivent à nouveau sous les bombes de l'aviation fédérale. L'hôpital de Chali, celui d'Ourous-Martane, regorgent de civils blessés, mutilés, brûlés. Un coup d'arrêt à la trêve annoncée en fanfare, le 27 mai, à la veille du premier tour de l'élection présidentielle, et que le candidat Boris Eltsine promettait définitive. Il fallait bien circonvenir l'hostilité générale à la guerre qui aurait pu lui coûter la victoire. Désormais réélu pour un second mandat, le président Boris Eltsine retourne à ses anciennes errances, au risque de torpiller le processus de négociation.
Le Parlement russe a d'ailleurs réagi avec une surprenante célérité, multipliant, hier, les adresses au gouvernement et les motions sur la Tchétchénie. Sergueï Iouchenkov, membre de la commission de défense, a réclamé que le Premier ministre «vienne dire quand les autorités cesseront d'utiliser les troupes sans discernement dans cette région». Et le député démocrate Konstantin Borovoï a déclaré que, «si les combats ne sont pas arrêtés immédiatement, si les négociations ne sont pas relancées et si les généraux responsables de cette guerre ne sont pas limogés, alors le peuple de Russie aura le droit de traiter Boris Eltsine de menteur et d'assassin lors de la c