Johannesburg, de notre correspondant
«Il faut me comprendre, ma position est difficile.» Par ces mots, lâchés la semaine dernière, Nelson Mandela tentait de justifier une diplomatie plutôt énigmatique, depuis son accession à la présidence de l'Afrique du Sud, en mai 1994. Le dernier dossier, la pendaison des opposants ogonis par la junte nigériane, est à l'image de l'errance qui a marqué ces deux premières années de politique étrangère. Endossant le rôle de conscience morale de l'Afri-que, Mandela a jeté tout son poids dans l'offensive menée contre la junte, puis contre le groupe pétrolier Shell pour lui intimer l'ordre de prendre des mesures contre les militaires du Nigeria. Puis il dut rentrer dans le rang. Le secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali, et celui de l'Organisation de l'unité africaine, Salim Ahmed Salim, l'ont convaincu de baisser le ton.
Idéalement «non-alignée», la politique étrangère sud-africaine n'a cessé de brinquebaler, de soudaines impulsions révolutionnaires en pas de deux hésitant. Ainsi, Mandela s'est-il attiré les foudres de la communauté des affaires en déclarant qu'il recevrait volontiers Fidel Castro et Kadhafi à Pretoria. Même émotion lorsque, après les attentats en Israël, il invitait le Hamas à parler avec lui.
C'est sur le continent africain que les contradictions sont les plus vives. Depuis longtemps sympathisante de la lutte du Polisario pour le Sahara occidental, l'ANC et le gouvernement semblent avoir tourné leur veste. Les larg