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Libération

Boris Eltsine sera intronisé comme un tsar le 9 août.

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publié le 19 juillet 1996 à 8h02

D'avoir défait la nostalgie soviétique, Boris Eltsine s'estime en

droit de céder à son tour aux sirènes d'un autre temps. Et, pour avoir péniblement reconquis le Kremlin par les urnes, le président de la Russie voudrait placer son second mandat sous des auspices plus impériaux. Sa cérémonie officielle d'intronisation, prévue pour le 9 août prochain, sera donc calquée sur le lourd décorum du couronnement des tsars. Une bénédiction en grande pompe sur la rutilante place des Cathédrales, suivie d'une remise d'un Ordre pour le service de la patrie de première classe, décoration tombée en désuétude que seuls les monarques recevaient automatiquement en vertu de leurs pouvoirs dynastiques. Petite entorse aux traditions de l'absolutisme tsariste, Boris Eltsine prêtera toutefois serment sur un exemplaire relié pleine peau de la Constitution de 1993, spécialement conçu pour l'occasion.

Cette Constitution, il se l'était taillée sur mesure après avoir écrasé, à coups de canon, la fronde parlementaire, en octobre 1993. Et les résultats du référendum qui devait ratifier ce texte fondamental, deux mois plus tard, ont toujours été tenus pour éminemment suspects par la plupart des observateurs impartiaux. Enfin, puisque, dans une brève intervention télévisée au lendemain du scrutin présidentiel, Boris Eltsine avait attribué sa victoire contre le candidat communiste «au peuple de Russie», ce dernier ne sera pas oublié. Un gigantesque feu d'artifice dans le ciel de Moscou devrait l'aider à commu