Brazzaville envoyé spécial
Dans l'ancienne capitale de la France libre, au terme de son voyage officiel en Afrique centrale, Jacques Chirac a sommé le continent noir de s'inventer «son propre modèle», «une démocratie vivante, consentie, aux couleurs de l'Afrique». S'adressant hier au Parlement congolais réuni au grand complet, le président français a expliqué sa «vision d'une Afrique où s'affirme aujourd'hui une volonté, une espérance, un appel». En conclusion d'un discours sur la bonne marche vers «cette démocratie nécessaire», il a mis l'Afrique en garde. «Il faut en finir avec les coups, de force ou d'Etat, les putschs, les juntes, les pronunciamentos et toutes les manifestations de transition violente, a-t-il déclaré. Ces événements d'un autre âge sont, pour chacun de nous, une véritable humiliation. Pour les peuples, ils sont un retour en arrière. Pour le monde, ils sont une déception et l'alibi trop commode du désengagement.»
Sur les lieux où le général de Gaulle avait, en octobre 1940, demandé à l'Empire de lui «refaire une épée», dans cette capitale africaine et entêtée («le refuge pour la liberté»), avant d'abriter, en janvier 1944, la conférence de Brazzaville qui, dans l'ambiguïté, a préparé la décolonisation, Jacques Chirac, en héritier, a formulé la doctrine de sa politique africaine. Celle-ci se nourrit des deux aspirations, idéaliste et réaliste, que de Gaulle avait exprimées pour le continent: l'idée que «la France, par degrés, élève les hommes vers les sommets