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Libération

«La situation au Burundi est intenable». Le rapporteur spécial de l'ONU redoute une tragédie humanitaire sans précédent.

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publié le 19 juillet 1996 à 8h01

Genève de notre correspondant

Lorsqu'un rapport des Nations unies avait mis en garde la communauté internationale de l'imminence d'un génocide au Rwanda allant jusqu'à citer l'organigramme de la terreur, personne à l'époque n'en avait tenu compte. L'on sait ce qui arriva. Hier, à Genève, le rapporteur spécial de l'ONU sur le Burundi, le Brésilien Paulo Sergio Pinheiro, de retour d'une mission de deux semaines, a lancé un nouveau cri d'alarme. «La situation au Burundi est devenue intenable, les victimes se comptent par milliers de morts. La situation peut dégénérer brutalement et provoquer un désastre humanitaire sans précédent dans la région des Grands Lacs.»

Lors d'une conférence de presse, il a estimé «qu'une tragédie de type rwandais est en train de se produire sous nos yeux», décrochant au passage une flèche à la communauté internationale, coupable de passivité: «Ce n'est pas une approche correcte d'attendre que quelque chose d'autre se passe. La communauté ne doit pas se dérober à ses responsabilités.» Lors de sa session de 1995, la Commission des droits de l'homme avait décidé d'envoyer une trentaine d'observateurs de l'ONU. Seuls cinq sont sur le terrain. «Lorsque les conditions minimales de sécurité seront remplies, les vingt-cinq autres observateurs seront dépêchés sur place. Nous ne pouvons pas envoyer ces gens à l'abattoir», a expliqué la porte-parole des Nations unies à Genève, Thérèse Gastaut.

Paulo Sergio Pinheiro a fustigé «une petite élite burundaise qui conti