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Libération

Escalade des massacres au Burundi304 Tutsis ont été tués samedi par une foule armée de fusils et de machettes.

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publié le 22 juillet 1996 à 7h59

Les massacres se multiplient et s'amplifient au Burundi depuis que

la communauté internationale, craignant un «second génocide» dans l'Afrique des Grands Lacs, pousse les pays voisins - l'Ouganda, la Tanzanie et l'Ethiopie - à monter une opération militaro-humanitaire dans «l'autre pays des Hutus et des Tutsis». Les Etats-Unis insistent d'autant plus sur cette intervention qu'ils ne veulent pas voir perturber leur campagne présidentielle de novembre.

Traumatisantes, les images du génocide perpétré il y a deux ans au Rwanda voisin reviennent en mémoire avec l'effroyable tuerie qui s'est produite samedi au petit matin à Bungendana, au centre du Burundi. Un camp de quelque 1.200 «déplacés» tutsis a été pris d'assaut par une foule armée de fusils, de grenades et de machettes. 304 civils ont été massacrés, environ 150 blessés, une trentaine d'autres étant toujours portés disparus. Hier, la télévision nationale burundaise a diffusé des images de corps méconnaissables, d'hommes mutilés, de femmes et enfants écharpés, de familles entières achevées à l'arme blanche...

Révélant le crime, le lieutenant-colonel Jean-Bosco Daradangwe, porte-parole de l'armée burundaise (au sein de laquelle la minorité tutsie est surreprésentée), a parlé de «génocide», alors que le Premier ministre Antoine Nduwayo, également tutsi, en a imputé la responsabilité aux «intégristes génocidaires qu'il faut combattre, qu'il faut débusquer et auxquels il faut refuser toute collaboration et toute assistance». Cette