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Libération

La grève jusqu'à la mort des détenus turcs

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220 militants d'extrême gauche ont cessé de s'alimenter. L'un d'eux est décédé hier.
publié le 22 juillet 1996 à 7h59

«Physiquement, tu ressens la mort s'approcher. On dirait que tu regardes les lointains, mais, en fait, tu ne vois rien. Tu sens que ton corps a commencé à fondre. Tu souffres beaucoup, mais tu ne le sens même plus. Tu oublies tout, jusqu'à ton propre nom et les raisons mêmes pour lesquelles tu luttes...», témoigne Zayide Ak, un ancien détenu politique rescapé d'une «grève de la mort», c'est-à-dire grève de la faim illimitée, il y a dix ans, dans la prison Metris d'Istanbul pour obtenir un allégement des conditions de détention. Il avait tenu quarante jours. Aujourd'hui, pour les mêmes raisons, 220 détenus, pour l'essentiel des militants (ou même des sympathisants) du groupe terroriste d'extrême gauche DHKP-C (ex-Dev Sol, organisation armée qui prône la guérilla urbaine) ont entamé un tel mouvement dans 32 prisons du pays et ne se nourrissent plus, si ce n'est d'eau, de sel et de sucre, depuis maintenant soixante-quatre jours.

«Discipliner les prisons». Aygun Ugur, membre de l'organisation clandestine Parti communiste de Turquie (marxiste-léniniste), est, selon ses avocats, mort hier à la prison d'Umraniye à Istanbul. Pour trois autres jusqu'au-boutistes de la grève de la faim, Erol Ozbolat, Djemal Cakmak et une jeune fille, Bernar Satar, les heures sont désormais comptés. Ils demandent l'amélioration des soins médicaux, l'abolition de la censure sur la correspondance, la liberté de visite des parents et la liberté de mouvement entre les cellules d'une même pr