Madrid de notre correspondant
José Maria Aznar étrenne une poigne de fer contre l'immigration clandestine. L'expulsion sans ménagement d'une centaine d'Africains a provoqué un véritable scandale en Espagne: les clandestins auraient été drogués puis renvoyés par avions militaires dans des pays tiers, sans garanties pour leur sécurité. La Direction générale de la police a ouvert une enquête interne, le Défenseur du peuple (médiateur entre l' administration et les citoyens, ndlr) est saisi de l'affaire, tandis que le SUP, le syndicat policier majoritaire, de gauche, a porté plainte devant la justice. «Il y avait un problème, nous l'avons résolu», s'est contenté de commenter José Maria Aznar. Le problème: 103 immigrés d'Afrique noire étaient coincés depuis des mois à Melilla, l'une des enclaves espagnoles au Maghreb, avec Ceuta. Régulièrement, des clandestins entrent dans ces villes depuis le Maroc, mais se retrouvent coincés puisque le passage sur la péninsule est soumis aux contrôles policiers. Ils détruisent leurs papiers pour ne pas être identifiés et expulsés vers leurs pays d'origine. Ils vivent dans des conditions précaires, nourris par la Croix-Rouge dans des campements improvisés. Le 17 juin, les 103 de Melilla provoquent une mini-émeute. Sept policiers sont légèrement blessés. La solution de José Maria Aznar: une évacuation manu militari vers le Cameroun, le Mali et le Sénégal, via les Canaries, par avions de transport militaire. Le ministre de l'Intérieur Jaime Mayo