Les ambulances se succèdent à la prison Bayrampasa d'Istanbul.
Autour de cet énorme centre carcéral de trois maisons d'arrêt, comptant quelque 1.200 détenus, les forces de sécurité ont bouclé le quartier, des dizaines de policiers sont postés devant le lourd portail, et un canon à eau est prêt à tempérer toutes velléités de protestation. Altan Berdan Kerimgiller, 28 ans, y est mort hier après soixante-cinq jours sans s'alimenter, deuxième detenu à succomber dans ces grèves de la faim menées désormais par 277 détenus de groupes d'extrême gauche, en premier lieu Dev-Sol, dans 16 prisons du pays. Leur état de santé est de plus en plus alarmant: selon l'association des médecins d'Istanbul, ce sont désormais 10 détenus qui sont dans le coma, parmi ceux qui ont choisi de faire une «grève à mort» pour que leurs conditions de détention soient rendues moins inhumaines. Les autorités n'ont toujours engagé aucun pourparler avec les représentants du mouvement. Le ministre de la Santé, Yldirim Aktuna, a simplement donné pour consigne aux différents gouverneurs de prendre leurs dispositions pour éviter de nouveaux décès. Mais les médecins estiment que cette mesure intervient trop tard pour beaucoup des grévistes, atteint de troubles graves et parfois irréversibles.
«Nous regrettons les morts mais les responsables en sont les leaders des organisations clandestines d'extrême gauche qui ont donné l'ordre à leurs adhérents de mourir», a déclaré hier Sevket Kazan, le nouveau ministre islamiste