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Libération

Un génocide trop souvent annoncé. L'affolement de la communauté internationale encourage les extrémistes.

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publié le 25 juillet 1996 à 7h51

Le Burundi ne cesse de payer pour l'assassinat de son premier

président démocratiquement élu, Melchior Ndadaye, lors d'un putsch avorté en octobre 1993, et, surtout, pour le génocide perpétré contre la minorité tutsie, entre avril et juillet 1994, au Rwanda voisin. Depuis, «l'autre pays des Hutus et des Tutsis» vit en effet dans la psychose d'un projet d'extermination que se prêtent, mutuellement, les deux communautés. La majorité hutue ­ 85% de la population ­ menacerait d'écraser de son poids démographique la minorité tutsie, qui, pour avoir depuis trente ans monopolisé l'Etat et l'armée, est soupçonnée de vouloir restaurer sa «dictature monoethnique», au besoin à la faveur d'un «génocide sélectif» qui, en 1972, a effectivement décimé l'élite hutue.

Le spectre du «second génocide». Depuis l'extermination de quelque 750.000 Tutsis au Rwanda voisin, il y a deux ans, le Burundi vit à l'ombre d'un «second génocide dans la région». Constamment prédit par les médias, les organisations humanitaires, les Nations unies, des gouvernements étrangers et, aussi, par les protagonistes sur place, ce leitmotiv de la frayeur se passe de plus en plus d'explications. Au point où les tenants de cette thèse de dramatisation extrême ne précisent même plus qui ­ des Hutus ou des Tutsis ­ est censé régler le sort de l'autre communauté définitivement... En revanche, malgré «l'équilibre de la terreur» qui existe entre l'armée majoritairement composée de Tutsis, aujourd'hui forte d'environ 30.000 homm