Istanbul intérim
Trois nouveaux grévistes de la faim sont morts hier dans les prisons turques, portant à six le nombre des détenus d'extrême gauche qui, depuis dimanche denier, ont succombé dans ce mouvement désespéré entré hier dans son 67e jour. Hier, les hélicoptères de la police ou de la gendarmerie n'ont cessé de bourdonner dans le ciel d'Istanbul. La ville n'avait pas connu une telle tension depuis le 1er mai, où des réunions publiques autorisées sous une étroite surveillance policière avaient dégénéré en émeutes violentes, se soldant par le lynchage d'un policier. Cette même fureur désespérée règne depuis plusieurs jours dans les banlieues misérables où les groupes gauchistes clandestins sont bien implantés.
Depuis une semaine, les incidents se multiplient, prenant pour cibles tous les symboles de l'État. Le quartier de Gazi Osman Pasa, peuplé en majorité d'alevis (secte musulmane progressiste) au nord de la ville, fut le premier à réagir dès dimanche avec une journée passée à ériger des barricades que la police démantela sans trop de brutalités. Le lendemain, des bus municipaux furent incendiés à Maltepe, sur la rive asiatique du Bosphore, par des commandos armés et cagoulés du TKP-ML (Parti communiste marxiste-léniniste de Turquie), auquel appartenait le premier gréviste de la faim décédé. Les autres faisant partie du mouvement Dev-Sol.
A partir de mercredi, la tension s'est étendue à plusieurs autres villes. A Tarsus, dans le sud-est, d'où était originaire l'une des