Il y a six semaines, il était encore à l'université Yale, aux
Etats-Unis, boursier d'un stage de langue pendant trois mois. Avant de quitter l'Amérique, il est passé au siège des Nations unies pour déjeuner, en bonne compagnie, au restaurant des VIP, au «palais de verre» à New York. Pierre Buyoya, l'ancien président du Burundi qui, après son putsch de velours jeudi, est de retour au pouvoir à Bujumbura, a été fréquemment reçu au département d'Etat à Washington, au Foreign Office à Londres et au Quai d'Orsay. Il est même, en tant que membre du Council of African Advisers, l'un des douze «sages africains» régulièrement consultés par la Banque mondiale. Autant dire que la communauté internationale, trop contente qu'un militaire «éclairé» la débarrasse d'un insoluble problème, ne rendra pas la vie trop difficile au nouveau maître du Burundi. Hier, déjà, la Maison Blanche qui, la veille, avait juré vouloir «isoler tout régime à Bujumbura issu d'un coup de force ou d'une intimidation», a amorcé un virage sur l'aile en soulignant que, dans le passé, le major Buyoya avait montré «une certaine préférence pour des formes de gouvernement démocratique»...
«Kulturkampf». Belle formule. Elle correspond à une réalité, cependant. Ayant renversé le 3 septembre 1987 un autre militaire, le colonel Jean-Baptiste Bagaza, tutsi comme lui et originaire de la même «colline sacrée» dans le sud qui a fourni au Burundi trois dictateurs militaires successifs, Buyoya a d'abord mis fin aux dérives de son