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Libération

Le blues des militaires latino-américains. Surveillés par Washington, fauchés, ils ne jouent plus que des rôles de second plan.

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publié le 2 août 1996 à 10h03

Santiago du Chili de notre corespondant

Longtemps protagonistes de l'histoire de leurs pays, les militaires latino-américains sont passés à l'arrière-plan depuis la fin de la guerre froide. Alors qu'il y a quinze ans, les deux tiers de la population au sud du Rio Grande vivaient sous la férule des militaires, plus un seul régime de ce type ne subsiste aujourd'hui. Pis encore, pour les tenants d'un ordre musclé: l'intervention de Washington au Panama et en Haïti s'est soldée par la disparition des forces armées de ces deux nations. Quant au général Lino Oviedo, qui fit brièvement planer sur le Paraguay la menace d'un coup d'Etat, en avril dernier, il attend en prison que la justice décide de son sort.

Impunité. Plusieurs facteurs expliquent ce retournement de tendance. L'écroulement de l'Empire soviétique, contemporain de la chute du sandinisme au Nicaragua et de révisions déchirantes de la gauche latino-américaine, a rendu obsolète la «doctrine de la sécurité nationale», qui privilégiait la lutte contre la «subversion intérieure» et sur laquelle se fondaient les dictatures de la région. Des gouvernements issus d'élections libres ont ramené les forces armées à leurs tâches de défense nationale, au prix d'une impunité peu ou prou garantie aux responsables des violations des droits de l'homme. A la relative exception de l'Argentine, où les membres de la junte qui gouverna le pays de 1976 à 1983 furent jugés et condamnés... avant d'être graciés par le président Menem. En outre