Depuis une semaine, les quinze délégations siégeant au Conseil de
sécurité des Nations unies à New York disposent d'un rapport dont le contenu, quand il sera connu, jouera un rôle primordial sur la scène politique burundaise. En août 1995, l'ONU s'était engagée, dans le cadre de la fragile «réconciliation nationale» entamée un an plus tôt par la Convention de gouvernement, qui définissait le partage du pouvoir entre l'opposition tutsie et le camp gouvernemental hutu, à faire toute la lumière sur l'assassinat de l'ancien président Melchior Ndadaye et les massacres qui avaient suivi. A l'époque, l'idée était de permettre que les élections, prévues pour 1998, se déroulent sur des bases saines, c'est-à-dire d'éviter que les auteurs du putsch manqué du 21 octobre 1993 et ceux des massacres restent impunis.
C'est le résultat de cette enquête, menée par une Commission de cinq membres, qui a été remis avec deux mois de retard à Boutros Boutros-Ghali, le 23 juillet, soit deux jours avant le coup d'Etat ayant porté au pouvoir le major Pierre Buyoya. Ce document, que le secrétaire général ne semble pas pressé de rendre public en cette période sensible, serait un récit factuel des événements de 1993, et désignerait, sans surprise, des militaires tutsis comme responsables de l'assassinat de l'ancien président burundais, et des Hutus comme coupables des massacres apparemment planifiés qui s'ensuivirent. Des conclusions auxquelles étaient arrivée, immédiatement après les événements, la Fé