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Libération

Aïdid, la mort d'un seigneur de la guerreLe chef de faction somalien est décédé des suites d'une blessure à Mogadiscio.

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publié le 3 août 1996 à 10h01

Il est mort en parfait «seigneur de la guerre» qu'en fait il n'était

pas. Hier, Mohamed Farah Aïdid a été enterré dans son fief de Mogadiscio-Sud, au lendemain de son décès, jeudi soir, officiellement dû à un «arrêt cardiaque». En réalité, sa mort est intervenue, après dix jours de souffrances, à la suite d'une blessure par balle dans le bas-ventre, qui lui avait été infligée le 23 juillet lors de combats contre son rival de toujours, le «président par intérim» Mohamed Ali Mahdi. Pour faire taire les rumeurs, le général Aïdid avait prononcé, dimanche dernier, un ultime discours à la radio. «Les désirs de l'ennemi ne peuvent ni me tuer ni me blesser, avait-il dit. Je vais mourir quand mon heure viendra et quand Allah le voudra.»

Le monde se souviendra de lui comme l'homme qui, à l'été 1993, le défia. Près de 30 000 «soldats de la paix» de l'ONU et, en particulier, un contingent américain le traquaient alors à Mogadiscio, sa tête ayant été mise à prix après la mort dans une embuscade, le 5 juin, de 24 Casques bleus pakistanais. Insaisissable, Aïdid avait gagné cette «guerre humanitaire» le 3 octobre, lorsque 18 marines périrent dans une opération de commando, des soldats américains s'étant fait lyncher et traîner dans les rues de Mogadiscio, un pilote ayant été pris en otage. Sans même tenter de sauver la face, Bill Clinton ordonna le retrait des Américains. Héritant d'une cause perdue, l'ONU s'est retirée à son tour en mars 1995.

Les Somaliens, qui ont la mémoire plus longue,