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En 1996, 300 religieux catholiques ont choisi de rester en Algérie

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Et ce malgré l'assassinat de religieux français en mai 1994, et l'exécution des sept moines trappistes de Tibéhirine.
publié le 3 août 1996 à 10h08

Engloutie une première fois au XIIe siècle, et une seconde fois avec l'indépendance, l'Eglise catholique d'Algérie est une éternelle naufragée, rappelée une nouvelle fois à ses premiers martyrs.

L'Eglise romaine érigea ses clochers, comme dans toute l'Afrique, à l'ombre de l'autorité coloniale. Fondés à Alger en 1868 par le cardinal Lavigerie, les Pères blancs furent aux avant-postes de l'évangélisation. Leur prosélytisme fut plutôt respectueux des traditions culturelles, à contre-courant de l'opinion européenne qui tenait le père Charles de Foucauld comme figure emblématique. Le cardinal Lavigerie avait ainsi interdit aux Pères blancs «de parler religion aux Kabyles, si ce n'est des dogmes qu'ils admettent et de leurs anciennes traditions chrétiennes». Pivot du catholicisme en terre d'islam, où les missionnaires pénètrèrent l'Afrique noire jusqu'au Yemen, l'Eglise algérienne s'est retrouvée déchirée par la guerre d'indépendance. «Un pays où sévit la misère peut jouir d'un certain calme, mais le calme n'est pas la paix», affirmait de façon prémonitoire Mgr Léon-Etienne Duval, l'archevêque d'Alger, à la veille de l'insurrection de novembre 1954. Il prit fait et cause pour les maquisards contre la torture et la violation des droits de l'homme. Soutenu par le Vatican qui le fit cardinal, il se vit accorder la nationalité algérienne par le FLN triomphant, mais se retrouva à la tête d'une Eglise archi-minoritaire avec le départ massif des Français d'Algérie. Une Eglise proche des