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Libération

La dérive autoritaire du président biélorusse. Alexandre Loukachenko accentue la répression et interdit toute forme de protestation «pendant les récoltes».

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publié le 7 août 1996 à 9h53

Moscou de notre correspondant

Du dictateur, il a déjà la moustache, l'organe vocal énergique, l'absence de scrupules mâtinée d'une solide fibre populiste. Mais Alexandre Loukachenko voudrait ajouter à sa panoplie des pouvoirs élargis. Sourd aux critiques de l'opposition la plus modérée, le président de Biélorussie caresse le rêve d'une réforme constitutionnelle renforçant ses prérogatives. Et pour mieux souligner sa détermination, les protestations ont été interdites durant «la période des récoltes. Tout le monde doit travailler plutôt qu'organiser des campagnes pour se débarrasser du Président», a décrété le chef de l'Etat. Face aux critiques, l'ancien directeur de kolkhoze, apparatchik communiste séduit par le nationalisme grand-slave, ne semble connaître qu'une réponse. La répression prend, en Biélorussie, des allures de système au fumet stalinien.

Alexandre Loukachenko a tellement cultivé la nostalgie de l'Union soviétique qu'il se voit confronté à un épineux problème de défections. La semaine dernière, le président du Front populaire, principale organisation d'opposition extraparlementaire, a réclamé l'asile politique aux Etats-Unis, où il a été accueilli avec compréhension. Zenon Pozniak, un ancien dissident, père du Mouvement pour l'indépendance de la Biélorussie, avait été forcé de quitter clandestinement le pays en avril. La capitale, Minsk, redécouvrait alors les manifestations de masse, la jeunesse rejetant le traité d'union économico-politique avec la Russie, amo