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Libération

Le «Jihad» contre les dealers sud-africains.

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publié le 8 août 1996 à 9h50

«C'est la guerre», promet Rashid Staggie, dont le frère Rashaad a

été abattu et brûlé vif dimanche soir par un groupe de «vigiles» musulmans d'une banlieue du Cap, proche du quartier métis de Cape Flats. Rashaad Staggie était le chef du «Hard Living Gang» (le gang à la vie dure), qui fait régner la terreur dans les ghettos. Les frères Staggie font aussi partie d'un collectif de trafiquants de drogue, «The Firm» (la compagnie). Dimanche soir, Rashaad Staggie est tombé dans une embuscade d'environ deux cents «vigiles» du Pagad (People Against Gangsterism and Drugs), une milice d'autodéfense formée en grande partie de jeunes payés par les commerçants musulmans du Cap, membres de la communauté de quatre cent mille musulmans d'Afrique du Sud, descendants des esclaves venus de Malaisie, au XVIIIe siècle.

Rashaad Staggie a d'abord été blessé par balles puis brûlé vif par une bouteille incendiaire (photo 1). Il a été achevé à terre de plusieurs balles et son corps piétiné. Au cours de la fusillade, vingt personnes ont été blessées. Terrifiée, la police sud-africaine a refusé d'intervenir. Mercredi, Rashid Staggie a juré de venger son frère. Le chef du Pagad, Muhammed Ali «Phantom» Parker, a pour sa part déclaré un jihad (guerre sainte) contre les dealers. Mardi, le Pagad effectuait une démonstration de force dans les rues d'une cité du Cap observée passivement par la police (photo 2) et sous la protection de gardes armés (photo 3). Malgré les condamnations de Mandela et des partis p