Buenos Aires envoyé spécial
D'après les premières estimations, la grève générale d'hier serait la plus suivie en Argentine depuis l'accession à la présidence de Carlos Menem en 1989. Il est vrai que les trois centrales syndicales, la CGT liée au parti justicialiste (péroniste) au pouvoir, ainsi que ses deux rivales proches de l'opposition, n'ont pas lésiné sur la préparation de la journée. La grève a quelque peu dégénéré en affrontements avec la police en plusieurs endroits de la capitale, faisant au moins dix blessés, dont un dans un état grave, et 40 manifestants arrêtés.
Le renvoi du ministre de l'Economie, Domingo Cavallo, il y a quinze jours, a donc quelque peu requinqué un mouvement syndical passé au laminoir par cinq ans de politique ultralibérale. «Cavallo est parti, mais l'équipe remplaçante est pire», soupire Saul Ubaldini, ancien secrétaire général de la CGT, qui énumère les motifs de la grogne sociale: «Le chômage est officiellement de 17% et atteint même 20% dans le grand Buenos Aires; de plus le gouvernement vient de supprimer les allocations familiales à deux millions de bénéficiaires et menace maintenant de déréglementer le marché du travail.»
Paradoxe habituel des pays pris dans la nasse de la dette extérieure: la misère urbaine augmente à mesure que l'Argentine bat des records en matière d'exportations, surtout de produits agricoles.
Malgré les premiers signes de reprise, le budget de l'Etat enregistre un déficit de 2,5 milliards de dollars pour le premier seme