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Libération

Eltsine, un petit tour et puis s'en vaSa prestation de serment a été réduite au strict minimum, hier au Kremlin.

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publié le 10 août 1996 à 10h09

Jamais cérémonie officielle n'aura été moins barbante. Ridicule

certes, mais pas soporifique. La prestation de serment par Boris Eltsine, hier au Kremlin, a été bouclée en un temps record. Un poil en dessous des vingt minutes pendant lesquelles le chef d'un des plus grand Etats du monde aura réussi l'exploit de se tenir debout, seul et droit durant dix minutes pleines. La main droite posée sur la Constitution, le Président a ânonné d'une voix cassée les formules rituelles qui lui donnent la charge de la Fédération de Russie pour quatre ans. Avant de s'en aller comme il était venu, d'une démarche d'automate, les bras raidis le long du corps. Pas l'ombre d'une adresse à la Nation, ni même l'ébauche du moindre remerciement. Du jamais-vu dans cette ancienne salle des congrès du Comité central du Parti communiste d'Union soviétique où se sont pourtant produits quelques vénérables gérontocrates cacochymes, comme Leonid Brejnev ou Konstantin Tchernenko, spécialistes du discours fleuve, quoique tremblottant.

Bref, ce fut une catastrophe quand les conseillers en communication du Président avaient rêvé de hisser cette intronisation au niveau des couronnements impériaux. N'avaient-ils pas prévu à l'origine une cérémonie sur la rutilante place des Cathédrales, dans l'enceinte du Kremlin, où Boris Eltsine aurait été ceint, en grande pompe, de l'ordre pour le service de la Patrie de premiére classe. Une décoration tombée en désuétude mais que seuls les tsars recevaient en vertu de leur nai