Le général Anatoly Koulikov, ministre russe de l'Intérieur, aura
reconnu l'évidence. L'opération d'envergure déclenchée par les indépendantistes tchétchènes «a été planifiée pour gâcher la prestation de serment» de Boris Eltsine. Mais plus encore, en reprenant totalement le contrôle des trois principales villes de la république, après vingt mois d'occupation fédérale, les boïviki ont voulu faire ravaler au Président russe un peu de sa superbe, le mépris du puissant, affichée avec ostentation lors de la rencontre du Kremlin, en juin, avec la direction séparatiste. Les Caucasiens n'ont pas oublié cet affront, cette rencontre de pure opportunité avant l'élection présidentielle, quand le candidat en quête de voix avait concédé une trêve en forme de promesse de paix qu'avait toujours refusée le chef de l'Etat en exercice. Car sur le fond, il n'y a pas en Russie de «parti de la guerre». Pas plus qu'il n'y aurait de «colombes» au gouvernement. C'est le pouvoir russe dans son ensemble qui a choisi l'aventure militaire, sûr de la supériorité de ses armes. Et les rebelles entendent lui démontrer qu'il se trompe.
En arrachant, hier matin à Grozny, le siège de l'administration mise en place par Moscou, en s'emparant du quartier-général des forces russes à Goudermes, en tenant ferme Argoun malgré les contre-attaques fédérales, les combattants tchétchènes ont montré où était la fanfaronnade. A midi, alors que Boris Eltsine jurait sur la Constitution de «défendre la souveraineté, l'indépenda