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Libération

Un tsar convalescent entre trois prétendantsVieux, usé, cardiaque, Boris Eltsine est dans un état de santé très précaire.

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publié le 10 août 1996 à 9h45

Boris Eltsine a donc réintégré son Kremlin, un mandat tout neuf en

poche, la menace d'une revanche communiste fermement écartée par les urnes. Dès lors, la Russie devrait aborder l'avenir avec la confiance que procure l'assurance d'une stabilité politique garantie pour quatre ans par la Constitution. Du temps de la campagne, l'argument avait d'ailleurs été élevé au rang de credo par le Président candidat à sa succession sur l'air bien connu de «après moi, le chaos». Il lui valu probablement la victoire et serait source d'une certaine forme d'espoir si le chef de l'État faisait preuve de la même verdeur que ses promesses.

Vieil ours. Mais c'est un sexagénaire prématurément usé, trois fois terrassé par son coeur au cours de l'année écoulée, que l'électorat russe a reconduit à son poste. Cinq jours avant le second tour, le vieil ours a disparu pour se terrer dans sa tanière de Barvikha, annulant engagements et visites officielles, incapable de la moindre apparition publique. Et sa première sortie d'hier, fébrile, n'aura guère permis de dissiper les doutes sur sa capacité à gouverner.

De l'avis des médecins, la santé d'Eltsine est loin d'être reluisante. «Son espérance de vie oscille entre dix minutes et dix ans», estime un cardiologue réputé. L'état de ses artères ne semble pas permettre une intervention chirurgicale. Terrible épée de Damoclès menaçant un échafaudage institutionnel tout entier adossé à la stature présidentielle.

Incertitude suffisante, en tout cas, pour attiser le