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Libération

Italie: la Ligue gâche les cent jours de Prodi. Le mouvement sécessionniste est de plus en plus belliqueux à l'encontre du gouvernement.

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publié le 12 août 1996 à 9h44

Rome de notre correspondant

Le gouvernement de centre gauche de Romano Prodi fête ses cent jours. L'heure n'est toutefois pas aux réjouissances, mais à l'inquiétude: depuis une semaine, en effet, la Ligue du Nord occupe le devant de la scène politique, et les dernières déclarations belliqueuses de son leader, Umberto Bossi, ont jeté dans la consternation Rome et tous les autres partis, de la majorité comme de l'opposition.

Le mouvement, qui revendiquait jadis la décentralisation poussée de l'Etat et la réforme des institutions dans un sens fédéraliste, semble se préparer à l'affrontement avec le pouvoir central. Il s'appuie, à cette fin, sur sa soixantaine de parlementaires à Rome, sur quelque centaines de maires et un enracinement territorial considérable. Bossi et les siens tablent sur le mécontentement populaire qui est réel et diffus pour jouer à fond la carte de la désobéissance civile. Et amener les régions septentrionales, «la Padania», à se séparer du reste du pays.

Le premier test de la force réelle de la Ligue sera pour le 15 septembre: ce jour-là, le peuple «léguiste» est appelé à former une chaîne humaine sur les bords du fleuve Pô, de la source jusqu'à la mer Adriatique. Bossi envisage de demander aux Nations unies d'envoyer des émissaires pour jauger le consensus populaire autour de l'idée d'indépendance. A cette occasion, la Ligue décidera des formes et du calendrier de son action contre Rome, qui sera toutefois «non violente», a précisé Bossi en citant Gandhi.