Moscou de notre correspondant
A coup sûr, Alexandre Lebed et Aslan Maskhadov sont faits pour se comprendre. Le secrétaire du Conseil de sécurité de la Russie et le chef d'état-major des forces indépendantistes tchétchènes ont été trempés à la même eau, fleurons des écoles d'officiers soviétiques. Solides, calmes, pragmatiques, les deux hommes partagent l'expérience de la guerre coloniale, connaissent le goût amer de la défaite, exècrent les fanfaronnades politiciennes. L'un et l'autre respectent leur adversaire, admirent son patriotisme comme des soldats de la vieille école. Et c'est peut-être pour cela qu'il leur sera difficile de s'entendre. Car chargés de défendre les intêrets contradictoires de leur Etat ou de leur nation, ils s'y emploieront avec détermination, sans guère de ménagement pour leurs sentiments personnels. Aussi, tout formidable qu'il puisse paraître, l'espoir de paix suscité par leur rencontre surprise d'hier pourrait se révéler bien ténu.
Car au final, l'arrêt du conflit en Tchétchénie se résume à une simple alternative: soit Moscou accorde son indépendance à la petite république caucasienne, soit les Tchétchènes acceptent d'abandonner leur revendication séparatiste. Pour l'heure, les deux parties s'en tiennent à cette logique et aucune n'entend céder sur le fond. Les diverses tentatives de compromis ébauchées jusqu'alors ont systématiquement échoué sur cette réalité. Reste qu'une solution militaire paraît tout aussi hypothétique. La direction tchétchène l'