Bujumbura
envoyée spéciale C'est une petite bousculade de rien du tout, puis la file d'attente se reforme en grommelant. Quelques-uns lancent des rires sonores, clignements d'yeux appuyés, ces mille petites mimiques qui veulent dire: «Tout va bien. Pourquoi?» A l'agence Sabena de Bujumbura, la compagnie aérienne belge vend les derniers billets pour le dernier avion avant la fermeture complète des frontières aériennes et terrestres du Burundi. Après le vol de mercredi à 20h10 vers Bruxelles, les 6 millions d'habitants se retrouvaient à huis clos.
En protestation contre le coup d'État du major Pierre Buyoya, un embargo total de ses voisins africains ceinture en effet le pays. La Tanzanie et le Kenya ont bloqué l'accès à la mer. Le Zaïre bouche le lac Tanganyika. Le Rwanda et l'Ouganda se sont barricadés derrière leurs chaînes de montagnes. Et tous ont décidé de ne plus même autoriser le survol de leur territoire.
Derniers départs. La moitié des quelque 200 fonctionnaires des différentes agences de l'ONU ont décidé de partir. Mais tous en choeur, privés ou fonctionnaires, se défendent de céder à la panique. «Ce n'est absolument pas un sauve-qui-peut», commente, piquée, la femme d'un expatrié. Laissant son mari, elle embarque avec les enfants. «Nous devions justement aller voir ma belle-mère.» «Hasard complet», plaisante cette étudiante burundaise. «Cela coïncide avec la bourse que j'ai pour l'Angleterre.»
Derniers départs vers l'extérieur et premières restrictions à l'intérieur.