Menu
Libération

Karadzic, l'homme invisible de PaleLe leader bosno-serbe aurait été piégé deux fois par l'Ifor ces dernières semaines.

Article réservé aux abonnés
publié le 14 août 1996 à 9h40

Pale envoyé spécial

Ni lundi ni hier, aucun signe d'une alerte maximum, d'une tension grave n'apparaissait à Pale. Les paysans fanaient dans les champs, les observateurs européens se retrouvaient pour leurs bières de fin d'après-midi à la terrasse du Caffé VBC, les réfugiés tendaient leurs linges sur les vérandas de l'hôtel Jahorina, les logisticiens de MSF ne modifiaient pas leurs transports du lendemain. Dans la fraîcheur montagnarde de l'été, Pale préserve encore son étrange tranquillité ­ hors du temps ­ qui a surpris tous les étrangers de passage pendant la guerre. Pourtant, de multiples indices signalent une autre forme de crise.

Le plus spectaculaire est le surgissement, partout, du visage de Radovan Karadzic. Posters sur les vitrines, portraits sous verre dans les bureaux, photographies dans les écoles, les restaurants, de nombreuses maisons: depuis son retrait des affaires politiques, l'effigie du leader des serbes de Bosnie décore tous les murs. Dans son bureau de la télévision, l'un des rédacteurs en chef du journal télévisé explique: «Maintenant, Karadzic devient le symbole de la résistance.» Mais est-il toujours un dirigeant? Goran hésite et sourit: «Il est plus que jamais notre leader.»

Mercedes noire. Toutefois, un autre indice rapidement remarquable, lui aussi, est la disparition de Karadzic lui-même des rues de Pale. C'est fin juillet que le chef nationaliste a accepté, par fax, sous les ordres de l'émissaire américain Richard Hollbrooke et du président serbe S