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Libération

Burundi: psychose autour d'un rapport de l'ONULe compte-rendu de l'enquête sur la mort du président en 1993 circule sous le manteau. Mais déçoit.

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publié le 16 août 1996 à 9h32

Bujumbura envoyée spéciale

A Bujumbura, lorsque deux représentants de la classe médiatico-diplomatico-politique se rencontrent, ils ne se saluent plus que par cette phrase: «Avez-vous vu le rapport?» La rumeur de la publication d'une enquête, conduite par l'ONU, sur l'assassinat du président N'Dadayé en octobre 1993 et les massacres qui s'ensuivirent, rythme depuis trois semaines l'installation au pouvoir du major Pierre Buyoya. Considéré tour à tour comme une menace ou une aubaine, ces 71 pages de juristes et d'érudits sont en train de devenir le roman de l'été, à Bujumbura.

Le 26 juillet, la capitale était encore toute à sa surprise du coup d'Etat de la veille. Si l'éventualité d'un putsch courait le pays depuis quelques semaines, nul ne le pensait si rapide. C'est là que démarre l'étrange teasing du rapport de l'ONU. «Les événements se sont précipités pour devancer la publication d'une enquête explosive d'une commission des Nations unies», glissent alors, d'un air entendu, plusieurs fonctionnaires internationaux et hommes politiques burundais.

Début août, quelques précieux exemplaires du rapport de l'ONU commencent à circuler sous le manteau dans les salons de la capitale. Résultat de dix-huit mois d'enquête, de l'audition de 662 témoins, apparaît enfin le texte tant attendu: rigoureux, fort bien documenté et rédigé avec esprit. Il emporterait comme un roman, si la fin ne laissait en souffrance les amateurs de suspens. Conclusion sur la mort de N'dadayé: «Les preuves sont s