Genève de notre correspondant
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) tente de faire la lumière sur l'un de ses anciens employés, un dénommé Beretta, soupçonné de s'être compromis, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, dans un trafic de biens pillés à des juifs bulgares. Interpellé en juin par le sénateur républicain de New York, Alfonse D'Amato qui enquête sur les avoirs non réclamés des victimes des nazis , l'organisation humanitaire genevoise a reconnu «qu'un délégué du CICR, basé en Turquie à l'époque (début 1945), était impliqué dans un trafic illégal de biens sans que le CICR en ait eu connaissance. Lorsque cela fut découvert, il a été licencié».
Les premiers éléments de l'enquête, entreprise au sein du CICR, ont de quoi provoquer un abîme de perplexité, d'autant que cette affaire rappelle un passé embarrassant pour la Croix-Rouge. Durant la guerre, bien qu'étant informé très tôt de la politique d'extermination des juifs menée par les nazis, le CICR ne s'était livré à aucune dénonciation publique du génocide en cours: en 1989, le CICR a reconnu qu'une action plus résolue de sa part «aurait probablement pu sauver un plus grand nombre de juifs qu'il ne l'a fait».
Dans le dossier de Beretta, qu'a étudié en début de semaine François Bugnion, sous-directeur à la division juridique du CICR, se trouvent certaines pièces essentielles: le compte-rendu de la confrontation, en février 1945, au cours de laquelle Beretta avoua s'être livré à des trafics, un échange de l