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Libération

Les réfugiés rwandais chassés du BurundiSous la pression de l'armée, les Hutus fuient les camps, qui ferment l'un après l'autre.

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publié le 21 août 1996 à 9h22

Ngozi envoyée spéciale

Sur des kilomètres, des squelettes de huttes en bambou s'effondrent dans un lit épais d'éclats de bois, brisures de fer, lambeaux de tissus, menus objets réduits en miettes si fines qu'ils constituent une poussière multicolore. Au loin, parfois, une flambée du chaume qui recouvrait les cahutes monte au ciel et s'éteint aussitôt. Au milieu de cette dévastation, qui était dimanche encore un camp de 32.000 réfugiés rwandais à Magara, près de Ngozi (nord du Burundi), zigzaguent des caravanes tremblantes. Mal assurés sur leurs jambes, effarés comme s'ils venaient brusquement de passer de l'ombre à la lumière, des petits groupes convergent en file indienne, vers la piste carrossable. Précautionneusement, chacun porte son ballot, ou plutôt son «trésor», le seul objet qui restera de ces deux années de vie passée au camp: une radio, une cuillère en bois, un minuscule tabouret, une attirail de cireur de chaussure, un cahier.

Plus loin, à l'entrée du camp, les camions les attendent. Lundi, une vague de près de 7.000 réfugiés est partie vers le Rwanda, nombre qui aurait sans doute été largement supérieur si les camions ne s'étaient embourbés à la frontière. Dans quelques jours, le camp de Ngozi sera vraisemblablement vide. Après avoir accueilli près de 150.000 réfugiés hutus rwandais qui avaient fui les conséquences du génocide contre les Tutsis et la victoire du FPR en juillet 1994, le Burundi n'en compte déjà plus que 25.000 deux ans plus tard. Une performance lo