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Libération

La clinique où les pédophiles découvrent «l'échappement».

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Au Crasc de Bruxelles, leurs pulsions analysées, les «clients» apprennent à se dominer.
publié le 22 août 1996 à 9h21
(mis à jour le 22 août 1996 à 9h21)

Bruxelles envoyé spécial

Il est juriste, criminologue, sexologue, et tique quand on l'appelle docteur. Les gens qui viennent au centre sont des clients, pas des patients, et Freddy Gazan, 42 ans, est passablement bousculé.

Voilà dix ans qu'est né le Crasc ­Centre de recherche-action et de consultations en sexo-criminologie­, cinq ans qu'il a pris «de la consistance», et on découvre à peine, avec les six rapts d'enfants et de jeunes filles qui viennent de secouer la Belgique, qu'il existe une alternative à la prison à vie et aux remises en liberté hasardeuses: les soins aux déviants sexuels.

Le Crasc s'est installé dans un appartement anonyme de Bruxelles, aux escaliers fort raides, et accueille 120 à 150 pédophiles, violeurs et exhibitionnistes par an, à raison d'une séance ou deux par semaine.Peu d'entre eux sont volontaires. Les deux tiers ont été envoyés par la justice ou les services sociaux, le reste sur des conseils pressants d'amis, avant qu'il ne soit trop tard. «En réalité, presque tous sont obligés de venir, explique Freddy Gazan, juridiquement ou socialement. Et c'est une bonne chose: on a besoin d'un tiers, quelqu'un à qui rendre des comptes. Car les gens n'ont pas envie de changer, et ceux qui sont attirés par les enfants ont peur, si on les soigne, de ne rien avoir à la place.»

Freddy Gazan reçoit les clients le premier. Le secret médical est absolu: «Il n'y a pas d'obligation de dénonciation à la justice en Belgique, et c'est une bonne chose. Mais il existe une lo