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Libération

L'adieu en larmes à Julie et MélissaLes funérailles des deux victimes de Dutroux, hier à Liège, ont figé la Belgique.

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publié le 23 août 1996 à 9h20

Liège envoyé spécial

La petite dame avec sa gabardine est venue déposer deux bouquets, l'un pour Julie, l'autre pour Mélissa. Elle ne sait pas trop quoi ajouter. Alors elle dit: «Sincères condoléances», range dans son porte-monnaie un bouton tombé de sa gabardine et attend sagement 11 heures. Ils sont un peu moins de 10.000 à attendre devant la basilique Saint-Martin-de-Liège, le début des obsèques de Julie et Mélissa, mortes de faim à 8 ans, dans une cave de Marc Dutroux, mais le cortège s'étire jusqu'au funérarium, à quelques kilomètres de là.

La Belgique en grand deuil a retenu son souffle, hier, en mémoire des deux fillettes, dont les corps avaient été retrouvés samedi. Tous ceux qui l'ont pu ont observé une minute de silence, les bus et les taxis ont transporté les gens gratis à la basilique, les magasins de la ville ont fermé la matinée, des journalistes ont présenté le journal avec un crêpe.

Partout, on signe des pétitions contre la peine de mort mais pour des peines incompressibles, et le parvis de la basilique croule sous les fleurs. Celles de l'amicale de la Poste, du dépôt d'autobus de Bruxelles, de la gendarmerie du métro, des ouvriers du cimetière. A 11h30, le patron de la police a jeté son chewing-gum et les deux cercueils blancs sont entrés dans l'église. Les proches se sourient un peu, s'embrassent en pleurant, les parents, le visage fermé, s'assoient près du choeur noyé de fleurs. L'abbé Gaston Schoonbroobt, un grand homme sec, habité par la douleur, a les mai